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Histoire résumée du film 9,5 mm


1922 Les origines : le Pathé Baby jouet de luxe

Pour ouvrir un nouveau marché de diffusion à son catalogue de films, et après l'expérience du Pathé-Kok (28mm) trop cher, Charles Pathé eut l'idée en 1920 d'un matériel familial bon marché et simple à mettre en oeuvre : l'idée du "Cinéma chez soi" était née et un certain nombre de brevets furent déposés. La conception et la construction du matériel utilisant un nouveau format réduit de 9,5mm de large fut confiée en exclusivité aux Établissements Continsouza déjà spécialisés dans les appareils professionnels.

C'est donc le bureau d'études Continsouza qui mit au point et perfectionna les matériels Pathé-Baby dont le premier projecteur au cours des années 1921 et 1922 : une présérie de 100 projecteurs fut présentée en décembre 1921. Les modifications demandées par Pathé aboutirent finalement au premier modèle A tel qu'il est connu. Lors de son lancement à Noël 1922, plus de 2500 projecteurs du type A étaient déjà prêts à la vente alors que 50000 avaient été commandés en avril 1922. Un effort important de publicité était fait avec en outre un catalogue de plus d'une centaine de films d'édition Pathé qui étaient des réductions, éventuellement raccourcies, des grands films déjà distribués en salles : l'achat ou la location était possible. Des actualités filmées "Pathé-Gazette" (1 bobine de 10m par quinzaine) étaient également disponibles par abonnement dès 1925. Un système d'arrêt automatique sur les intertitres permettait d'économiser de la longueur de film, car celui-ci était contenu dans une cartouche métallique de 9m seulement.

A l'origine, le but n'étant que de diffuser des films d'édition, l'amateur ne pouvait pas réaliser lui-même ses films. L'existence d'un film inversible et la conception par Continsouza d'une petite caméra légère à main a décidé Pathé à lancer non plus le seul projecteur mais le système Pathé Baby permettant à l'amateur de tourner et de projeter ses propres films. Des matériels de développement et de tirage du film inversible étaient également proposés. La petite caméra ("Baby-caméra") Continsouza à entraînement à main et chargeur de 8,5m de film inversible brevetée en 1922 fût finalement mise en vente début avril 1923. En décembre 1923, 40000 projecteurs avaient déjà été produits.

1926 Le succès européen

Le Pathé-Baby devint alors réellement le format du film d'amateur. Après une prise de vue avec sa caméra, le particulier pouvait réaliser ou faire réaliser le traitement de son film inversible alors prêt à la projection. L'utilisation du matériel aussi bien caméra (elle devint motorisée dès 1926) que projecteur était extrêment simple, le film sensible relativement tolérant et le public "des utilisateurs" ne fût pas déçu. Le format 9,5mm devint dès lors très vite "le" format réduit européen. Dès 1926, des constructeurs anglais, allemands et autrichiens proposèrent caméras et projecteurs pour ce format. Outre Atlantique, la sortie du format 16mm annonçait déjà une concurrence future.

Hors d'Europe, le Pathé-Baby eut aussi une diffusion au Japon (où il suscita des imitations) et au Moyen-Orient. L'engouement pour la photographie à l'époque fût sans doute moteur de ce succès bien que le prix de la caméra Pathé-Baby était alors le double de celui d'un bon appareil photo. Pour essayer de prendre place plus largement sur le marché, une caméra Pathescope 16mm fût même fabriquée et proposée aux Etats-Unis et en Europe.

1930 Un développement entravé par la crise et la guerre

Huit ans après son apparition, le projecteur Pathé-Baby, malgré quelques adaptations (supports de bobines longues, motorisation, etc...) était toujours en vente. L'orientation "jouet" fût confirmée en 1929 par la sortie du projecteur Pathé KID moitié moins cher que le Pathé Baby d'origine. Ce dernier était devenu plus accessible pour les classes moyennes sensibles à la possibilité de réaliser des films "souvenirs" des évènements familiaux : l'apparition d'un film inversible orthochromatique plus sensible élargissait encore les possibilités de prises de vue.annonce 1934

En 1931, les Pathé Lux corrigent le manque de luminosité du modèle initial et les Pathé B, fabriqués à partir de 1933 en Angleterre, vont enfin corriger un des défauts rédhibitoires du Pathé Baby par la présence de débiteurs et une puissance lumineuse accrue. Ces projecteurs sont motorisés et le système d'arrêt sur titre est alors finalement abandonné.

En 1932 la sortie sur le marché américain du format 8mm n'eût pas un impact immédiat mais sa diffusion mondiale fût suffisamment rapide pour qu'il devint un réel concurrent en France et en Europe dès 1936.

Dans les salles, le cinéma était devenu sonore depuis bien longtemps; il fallait donc que le Pathé-Baby devienne aussi sonore : le projecteur sonore Pathé Vox dédié à la projection des films d'édition à piste optique sort en 1937. Malheureusement pour placer la piste sonore, il n'y a pas d'autre solution que d'occulter une partie latérale de l'image.

 

Juste avant la seconde guerre mondiale le système Pathé Baby, tout en restant l'apanage des familles de classes moyennes et aisées, a dû connaître un succès certain si l'on tient compte du nombre considérable de films familiaux tournés à cette époque et qui nous sont parvenu malgré toutes les destructions intervenues entre 1940 et 1944. C'est en France, en Belgique et en Grande-Bretagne qu'il était alors relativement très répandu. Un peu moins en Allemagne d'avant guerre où ce sont surtout les formats 16mm et 8mm qui étaient utilisés.

1947 La renaissance et une réussite technique, la caméra Webo M

Après la guerre, le seul matériel Pathé Baby disponible était celui qui datait des années 1935 comme la caméra Pathé National. Un effort devait être fait pour rajeunir la gamme. L'arrivée sur le marché de matériels étrangers 8mm annonçait le début d'une sérieuse concurrence dans le domaine du cinéma d'amateur.

Manufrance 1951La reconstruction après guerre ne donnait pas en général aux familles les moyens de s'équiper de matériel nouveau. Si certaines disposaient d'une caméra, c'est qu'elle avait été épargnée des destructions et des pillages. Néanmoins, les bureaux d'études de Pathé réussirent à sortir en 1947 d'une part le projecteur Pathé Joinville et d'autre part les caméras Webo.

Le projecteur Pathé Joinville était d'une conception simple mais plus moderne que ses prédécesseurs : il fût à l'origine de la dernière lignée des projecteurs Pathé déclinés en différents modèles dont certains en formats concurrents comme le 16 et le 8mm.

Deux caméras Webo furent proposées : la Webo A qui n'était qu'une modernisation des Pathé National avec un chargeur magazine de 15m (propriété de Kodak!) et la Webo M qui, elle, était une réussite technique sous une relative compacité pour l'époque : visée reflexe, obturateur variable, tourelle à trois objectifs, multivitesses. Très inspirée par la caméra 16mm Kodak E de 1930 et se posant en concurrente de la H16 Paillard, elle était plus compacte, plus légère et plus facile à prendre en main mais peut-être moins robuste.

Cette Webo M devint rapidement un outil de cinéaste professionnel et c'est sans doute la meilleure réussite technique de Pathé en 9,5mm. Elle fût assez rapidement dotée d'accessoires adaptés aux professionnels comme des magasins de capacité supérieure, supports divers et d'autres types de viseurs.

 

1960 La mort annoncée

Malgré la sortie de soi-disant nouveaux modèles Pathé et des tentatives douteuses comme le Pathé Duplex en 1956, la gamme n'avait pas beaucoup rajeuni. Les Webo de base ne marquaient aucun progrès par rapport aux caméras Pathé d'avant guerre. La plus originale fut la Pathé Lido qui avait l'avantage de disposer de bobines de 15m.
Devant son relatif succès commercial dans le monde professionnel, la Webo M bénéficia d'améliorations intéressantes tout en restant mécanique mais en étant déclinée dans les format 16mm et double 8mm.

Alors que les caméras 8mm étaient toutes dotées de moteur électrique et souvent de visée reflex même pour les premiers prix, la seule caméra Pathé perfectionnée était hors de prix pour un budget familial normal. Du côté des projecteurs, c'était à peu près la même chose et le choix était plus que restreint. L'apparition du Super 8 en 1965 qui marquait un progrès décisif dans la qualité des images projetées par rapport au 8mm ordinaire offrit aux nouveaux venus au cinéma familial, l'occasion de s'équiper de matériels sophistiqués et simples d'emploi (visée reflex, automatisme complet) pour un coût largement inférieur au 9,5 dont le marché se rétrécissait et qui n'offrait pas de matériel moderne. L'arrivée en masse des caméras super8 japonaises dans les années 1965-70 sonnait le glas de tous ces matériels qui étaient jugés bien dépassés. Une tentative de caméra automatique fut bien faite mais pour un prix qui atteignait presque 10 fois celui du matériel comparable en Super 8 !

Malgré toute cette concurrence et l'arrivée de la "vidéo", la qualité intrinsèque du film 9,5, c'est à dire une "grande image" sur un film étroit, reste reconnue dans le monde du cinéma. La simplicité des matériels existants, parfois plus que cinquantenaires, leur assure en général une parfaite longévité. Pour ces raisons, il est encore possible de filmer dans ce format qui n'est pas mort ! En France, Grande Bretagne, Espagne, Belgique il existe toujours des clubs de passionnés qui le font survivre avec persévérance.

 

Un historique beaucoup plus détaillé et en anglais est sur le site de Martyn Stevens http://www.cinerdistan.co.uk/history.htm (c) Pat Moules


 Chronologie

chronologie 9,5

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